Supérieure par sa complexité technique et sa subtilité, la Marie-Madeleine de Raphaël dépasse la froide élégance de celle du Pérugin. Elle égale la splendeur des oeuvres de Léonard de Vinci dont Raphaël reprend ici la technique du sfumato (estompe des contours). 

La subtilité du clair-obscur rend le modèle vivant. Marie-Madeleine s'incarne véritablement dans ce portrait qui pourrait être celui de Chiara Fancelli, l'épouse de Pérugin, qui prend souvent la pause pour le Maître ou ses collaborateurs, parmi lesquels Raphaël. La juste répartition de l'ombre et de la lumière créant un éclairage enveloppant, le rendu sensuel des carnations... tout se détourne ici de la conception abstraite et statique du Pérugin. 

Incarner la figure, rendre les mouvements de l'âme, émouvoir par la vérité exprimée... voilà l'objectif poursuivi par Raphaël dans le sillage de Léonard de Vinci. Sa rencontre avec l'auteur de la Joconde fut déterminante pour son évolution artistique. C'est à cette période, vers 1505-1506, qu'il convient de situer l'exécution  de cette Marie-Madeleine, dont les mains rappellent, par leur délicatesse extrême, celles de Mona Lisa.

Notre atelier s'est vu confié le nettoyage de cette délicate peinture avant que des analyses scientifiques ne soient menées par un laboratoire italien, spécialisé dans l'étude des oeuvres d'art. En parfait état de conservation la peinture nécessitait une intervention d'ordre esthétique, afin de retrouver les riches nuances chromatiques dissimulées par un vernis jauni, par quelques repeints dissonants et un encrassement important. Le nettoyage (décrassage, suppression des repeints et allègement du vernis) a permis de rendre toute sa lisibilité à ce chef-d'oeuvre de la Renaissance italienne, qui avant même les examens scientifiques, nous a révélé sa très haute qualité.

Les conclusions de l'étude scientifique, sont à lire dans un article titré "La Marie-Madeleine de Raphaël ou quand l'élève dépasse le Maître" publié le 4 octobre dernier dans la revue numérique Openscience. 

En résumé: la peinture est une oeuvre originelle de Raphaël, inspirée par Léonard de Vinci et reprise par Pérugin dans la version du Palais Pitti.